Les confidences d’une legende

  Si l’histoire sert à guider les hommes, il a certainement été l’un des premiers à écrire sa propre légende. Deux fois champion du monde, médaillé olympique, Daba Modibo Keita est le premier athlète africain à obtenir ce titre. Originaire de la grande dynastie Keita, le taekwondiste malien a été sans aucun doute une lumière qui a brillé tout un continent.

Mundotaekwondo, plus que jamais présent sur le continent africain, fait revivre les moments mondiaux et les athlètes qui ont émergé dans cette discipline. Pour nous, c’est un honneur d’interviewer l’un des plus grands poids lourds.

MT: Beaucoup posent des questions sur Daba Modibo Keita. Que faites-vous maintenant?

DMK: Je vais bien Alhamdoulilah. Je suis présentement au pays et  pour le moment à la Primature du Mali en tant que Chargé de Mission. J’apporte donc ma modeste expertise aux dossiers et questions liés à la Jeunesse et au Sport

MT: Quel est votre lien actuel avec le taekwondo?

DMK: – J’ai de très bon liens avec le Taekwondo, cela est un devoir et cela demeurera ainsi jusqu’à la fin de mes jours car le Taekwondo fait partie intégrante de ma vie.


MT: Qui considérez-vous comme le meilleur athlète de tous les temps?

DMK: Le meilleur Athlète de tous les temps dans notre Discipline. J’en ai 4 et pour moi ces quatre grands Champions occupent le même rang à mes yeux. Honneur aux Dames, je commencerais donc par la Chinoise WU JINGYU, l’Américain STEVEN LOPEZ, l’Iranien HAIDI SAEI et pour terminer le Sud Coréen MOON DAE SUNG. Je mettrais donc ces 4 grands et valeureux guerriers au singulier tout en faisant d’eux, le meilleur Athlète de tous les temps.

MT: C’est peut-être l’une des questions que beaucoup veulent vous poser, comment a débuté votre histoire d’amour avec ce sport?

DMK: Mon histoire d’amour avec le Taekwondo est venu petit à petit, si je ’peux le dire, comme l’adage qui dit que l’appétit vient souvent en mangeant et ça donc été le cas. Au début j’aimais pas trop le Taekwondo, mais à force de le pratiquer, progressivement j’ai commencé à prendre goût et j’en suis tombé amoureux.

MT : Pourriez-vous s’il vous plaît parler un peu de votre héritage profesionel?

DMK: Mon héritage professionnel se décrit déjà par le fait d’être celui là, qui à un moment donné a été un modèle d’exemple à suivre et un conseiller. Mes exploits ont permis à mes Frères africains de croire en eux et de réaliser que si un africain du nom de DABA MODIBO KEITA avait réussi à passer se capte en se hissant au plussommet de la pyramide de notre art, qu’ils étaient donc aussi capable de le faire. Les résultats sont là aujourd’hui et j’en suis plus que fier parlant du Taekwondo Africain.



MT: Recevez-vous un soutien quelconque?

DMK: Non, je reçois aucun soutien, mais je remercie le Bon Dieu pour sa grâce

MT: Le continent africain a dû attendre longtemps pour obtenir son premier titre mondial. Quel a été le chef-d’œuvre pour atteindre ce niveau?

DMK: Le chef d’œuvre a été pour moi cette sorte de déclic qui m’a permis de prendre conscience du talent que j’avais en moi qui était simplement ou peut être endormi. Ce déclic l’a simplement réveillé et c’était lors de ma participation à mon premier championnat du monde de Taekwondo qui se déroulait à Madrid en Espagne en 2005.
Quand j’ai commencé le Taekwondo, nos grands Maîtres de Salle avaient pour habitude de nous dire que les meilleurs combattants et la plupart des grands champions étaient coréens et qu’ils étaient très fort, très rapides et tout, du coup, on avait cette crainte au fond de nous et on se disait que c’était presqu’impossible de les battre. Et moi qui prenais part à mon premier championnat du monde, j’étais hélas un jeune lion bien fougueux et tout mais loin d’avoir toute cette expérience requise du terrain. Quand le tirage au sort s’est fait, d’entrée de jeu, mon premier combat était le Coréen. J’avais tellement peur que je n’arrivais ni à manger, ni à réellement bien dormir, car pensant à ce que j’avais entendu des combattants coréens, j’avais vraiment peur et je me demandais même si au terme du combat, je sortirais vivant, lolllll, ç’est marrant, mais croyez moi, c’est la vérité et je demandais même au Bon Dieu ce que j’avais fait pour mériter un tel tirage, lolllll.
Au terme du premier round, je ménais le Coréen 2 à 1. À la pause pendant que mon Coach me parlait, j’entendais une sorte de ronronnement dans mes oreilles, mais je ne l’écoutais pas, c’est comme si j’étais dans un état second et la seule chose qui me passait par la tête en ce moment, était que je me demandais si mon adversaire était bel et bien coréen et s’il était, comment était-il possible que je puisse le mèner au score, lol. Nous avons engager le 2ème round et au terme de ce second round, nous étions  à égalité au score et même chose, mon Coach me parlait, je n’arrivais pas à l’écouter réellement, c’était involontaire et au fond de moi, je me posais les mêmes questions à savoir comment j’arrivais à tenir tête à ce champion coréen. Au 3ème et dernier round, j’ai commis quelques ptites erreurs d’inexpérience et le Coréen est passé devant et m’a battu de 2 points.
À la fin du combat, je me suis recroquevillé dans un ptit coin et j’étais seul. Je revisionnais le combat dans ma tête et j’ai tellement pleurer car je me suis rendu compte qu’en faite, mon adversaire n’était pas le Coréen, mais plutôt moi même, car ce jour là, j’ai surestimé le Coréen, mais pire, je n’ai pas cru en moi et j’ai vraiment pleurer car j’étais envahi de remords et de regrets. Je me suis donc remis en cause et c’est à ce instant que j’ai fait une autocritique et je me suis dis, que si je prenais ce sport au sérieux, que je m’entraîne comme il se doit et que je mène une vie saine et sportive, il serait difficile de me battre. Ce jour là, j’ai perdu, mais en réalité cette défaite était une victoire, car elle a été ce déclic qui m’a permis de prendre conscience du talent que j’avais et c’est cela qui m’a donné envie d’être champion. Tout est donc parti de la et le prochain championnat du monde qui a suivi 2ans après, c’est à dire en 2007 à Pékin, je suis devenu champion du monde et par la même occasion, Meilleur Combattant du monde. 2ans après encore et en 2009, je suis devenu pour la seconde fois champion du monde des lourds à Copenhague au Danemark. Voici donc un ptit résumé et voilà d’où est parti ce chef d’œuvre.

MT: Comment vous sentez-vous d’avoir remporté deux fois le championnat du monde?

DMK: le sentiment que j’éprouve, le fait d’avoir deux fois remporté le Championnat du monde est indescriptible. Qui aurait cru qu’un Africain et de surcroît un ptit Malien capable d’un tel sacre. C’est un sentiment très spécial avec un goût unique. J’ai simplement pas les mots pour le décrire et je remercie seulement le Bon Dieu, ma Famille, Mes Coachs, mes Coéquipiers, mes Fans. toutes les instances sportives et pour finir toutes ces personnes de bonne volonté qui de près ou de loin ont contribué à faire de ce rêve, une réalité.

MT: Quel est le plus grand défi auquel vous avez été confronté dans votre carrière?

DMK: – L’un de mes plus grand défi est le fait  d’avoir été pour la premier fois Champion du monde en 2007 et meilleur combattant du monde à ce même tournoi, alors que je combattais avec des douleurs atroces au niveau du dos. Des fois je me demande encore comment j’ai pu combattre car je n’arrivais pas à me tenir seul debout avant les combats, je suis sur qu’il y’avait une force angélique avec moi ce jour, j’en suis sûr.


Le second défi, c’était au JO de Londres en 2012, alors que je sortais d’une opération due à la rupture de mon gros tendon rotulien du genou gauche. N’ayant pas eu le temps nécessaire pour guérir et sans avoir subir une rééducation dans le but de réathlétiser mes jambes, J’étais totalement et physiquement diminuer au point d’avoir aucun appuis et en plus des douleurs aux genoux, il a fallu encore que j’utilise mon intelligence, mon expérience et ma ruse pour combattre sinon rien d’autres. Je peux donc citer ces deux cas comme des défis que j’ai eu à gérer et seul le Bon Dieu sait comment cela était difficile, j’ai encore la chaire de poule rien qu’en a parler.

MT: Comment vous définissez-vous en tant que personne?

DMK: Je dirais que je suis quelqu’un de simple, de respectueux, humble et que j’ai horreur du mensonge et de l’hypocrisie.


MT: Comment vous sentez-vous de gagner le championnat avec e sans le plastron électronique?

DMK: C’est un réel plaisir de faire partir de ceux là qui ont remporté le championnat du monde avec et sans le plastron électronique. Cela fait de moi un athlète qui a pu et qui a su s’adapter à ces deux modes de combats complètement différents. C’est donc un sentiment assez spécial.

MT: Les Jeux Olympiques ont été une pierre dure sur votre chemin, comment avez-vous vécu cette expérience?

DMK: En effet les Jeux Olympiques ont été une pierre dure sur mon chemin, car c’est le seul titre qui manque à mon modeste palmarès. Mais je n’ai aucun regret, car je sais que j’ai tout donné et que le Monde entier a été témoins de ce qui s’est passé sur le tatamis ou tapis Olympique. Quand vous avez un arbitre dont je ne dirais pas le nom, qui à la prochaine compétition à laquelle vous vous rencontrez, passes tout le temps à vous présenter des excuses et à vous demander de lui pardonner, ça veut dire ce que cela veut dire et j’ai pardonné. Le plus important, c’est que je n’ai aucun remord, de même aucun regrets, car au fond, j’sais que j’ai donné le meilleur de moi même et Allah Tignè Dèmè.

MT: Quelle est votre vision du taekwondo actuel?

DMK : Ma vision du Taekwondo actuel. Je dirais que notre Discipline est un sport qui évolue avec son ère. L’avènement des plastrons électroniques à beaucoup changer le jeu dans la façon de combattre avec la jambe avant et les coups de pieds poussé, du coup,  on trouve certains combats de nos jours pas trop captivants. Bon j’avoue aussi que je suis quand même un adepte de vielle école ou old school Taekwondo comme on le dit, mais après chacun, ses préférences

MT: Quel a été le combat le plus important de votre carrière? Et le plus difficile?

DMK: Vous savez quand un Athlète à pour objectif la médaille d’or et rien d’autre que la médaille d’or, d’où la recherche de l’excellence, tous les combats deviennent importants à ses yeux, donc pour moi, tous mes combats étaient d’une importance cruciale. Et je vous dirais aussi qu’ils ont tous été difficiles dans leurs fonds et leurs formes. C’était des adversaires différents avec des techniques et différentes tactiques, c’était à chaque fois de nouvelles énigmes car j’avais en face de moi de valeureux adversaires ou guerriers pour qui j’ai énormément de respects, d’estime, de consideration et cela sans aucune exception.

MT: Aimeriez-vous travailler dans certaines institutions de taekwondo? Si oui, lequel ?

DMK: Bien sûr que se serait un plaisir pour moi. Si jamais certaines institutions internationales de notre Taekwondo comme la World Taekwondo Federation (WTF) ou l’African Taekwondo Union (AFTU), manifeste ce besoin ou ce désir, se serait pour moi un honneur de servir et d’apporter ma pierre à l’édifice dans la promotion et le développement de notre Art Martial.

MT: Qui vous a soutenu tout au long de votre carrière?

DMK : Tout au long de ma carrière j’ai été tout d’abord soutenu par le Bon DIEU qui a toujours été mon Sponsor Officiel et le sera à vie.
J’ai bénéficié du soutien inestimable de ma Famille, Elle à toujours à mes côtés durant mes moments de joies, mais surtout de tristesse absolue.
J’ai eu le soutien du CIO qui m’a octroyé une bourse olympique qui m’a permis de m’expatrier et m’entrainer aux États Unis. Je ne cesserais jamais d’exprimer ma reconnaissance et ma gratitude au Comité International Olympique (CIO) pour cela, car le CIO a énormément et beaucoup contribué dans mes titres mondiaux et je dédie de ce fait toutes mes médailles au CIO et je réitère mes remerciements pour tout son soutien envers les Sportifs du monde en général et en particulier les Sportifs Africains qui en ont tant besoin.
Merci aux Institutions de mon Pays, le Mali qui ont toujours aussi été à mes côtés. Le Ministère des Sports du Mali (MJS), Le Comité National Olympique et Sportif du Mali (CNOSM), ma Chère Fédération Malienne de Taekwondo (FEMAT), Mes Coachs, mes Coéquipiers, toutes ces personnes de bonne volonté et pour finir, toute la Nation Malienne. Merci à toutes et tous pour vos soutiens et que Dieu vous bénisse.

MT: Si vous aviez la possibilité de revenir en arrière et de modifier votre héritage sportif, que changeriez-vous?

DMK: Ohhh, j’sais pas si je changerais grande chose, car je suis plus que satisfait de ce que j’ai eu à réaliser. J’sais pas ce qu’on pourrait demander de plus à un Athlète qui a un moment donné, a dominé sa discipline en étant successivement deux fois champion du monde et meilleur combattant du monde dans sa carrière. J’suis fier de ce que j’ai fait et je remercie le Bon Dieu de ses bienfaits.

MT: Avez-vous étudié une profession particulière?

DMK: J’ai un diplôme en Management Sportif et un autre en Évènement Sportif.

MT: Nous avons entendu parler de votre association: ADMK, de quoi s’agit-il?

DMK : – J’ai effectivement une Association qui porte mon nom, l’Association DABA MODIBO KEÏTA (ADMK) qui a pour Slogan JEUNESSE, SPORT et DÉVELOPPEMENT. Nous menons pas mal d’activité, dans le but de sensibiliser et canaliser une majeure partie de notre couche sociale. À savoir des activités dans le but de promouvoir les valeurs de l’Olympisme vu que je suis Olympien et aussi pleins d’autres activités qui rentrent dans le cadre de la citoyenneté et la Paix, vu que je suis pour terminer aussi un Ambassadeur de la Paix pour Peace and Sport, Monaco

MT: Quels conseils donneriez-vous à la nouvelle génération?

DMK: À la nouvelle génération, Je dirais de prendre conscience de ses talents et de ses valeurs et qu’il existe aucun autre secret que le travail. Qu’il n’y a rien d’impossible, car dans la vie, notre limite est la propre limite que nous nous imposons nous même

MT: S’il vous plaît un dernier mot à tous les fans de ce sport

DMK :Un dernier mot à tous les Fans de ce sport: Je dirais à tout un chacun de continuer à soutenir notre Discipline et Art Martial le Taekwondo qui est l’un des meilleur au monde et de continuer à promouvoir ses valeurs qui sont le respect, l’amour, l’honneur, le courage, la discipline, la sagesse, l’intégrité, la paix, etc et tout ce qui va dans ce sens. Que Dieu veille sur notre Taekwondo et qu’Il fasse qu’Il ait la paix dans le monde entier. Merci

                                                                                                                  mundotaekwondoafrique

 Moustapha Coulibaly

                                                                                                                   taphacoulibaly69@gmail.com